Synthèse de Redirection urbaine
Je crois qu’au fond, je n’ai pas d’idées à moi. Ou plutôt, je crois qu’on a tous les idées des autres, que les idées circulent, s’attrapent, se croisent. Les miennes, je les trouve dans la lecture et j’ai même l’impression de penser à l’intérieur des livres. Lire provoque une envie, un mouvement, une énergie. Je me dis : “mais oui !”, j’associe, je jubile. Je souligne, je recopie, je réfléchis. Et je tente, in fine, de dire quelque chose à partir de ce que j’ai lu.
Un samedi de février 2024, dans ma boîte aux lettres, est apparu Redirection Urbaine. Je l’avais commandé à son auteur, Sylvain Grisot. Il est urbaniste, nantais, auteur de quelques ouvrages remarqués et d’une newsletter très suivie.
J’ai donc commencé le livre le samedi. Je l’ai fini le dimanche. Habité par une forme d’excitation, voire de tension : oui, c’est important ! Tout m’a plu : la forme et le fonds. Le style et l’approche. C’est un livre qui m’a fait de l’effet, qui m’a donné à penser, m’a poussé à écrire. Voici donc ce qui sera moins une synthèse qu’une extrapolation : tirer des fils présents dans le livre et les tisser pour que ce qu’expose Grisot soit utilisable ailleurs.
Que fait Grisot dans ce livre ? Il part à la rencontre de celles et ceux qui expérimentent d’autres façon de faire la ville. Il créé du sens à partir d'une collection d'histoires et il montre une voie pour que nous construisions ensemble la ville de 2050.
Le projet : écouter la ville qui s’adapte
Le travail de Grisot démarre à hauteur des gens et des choses. Armé d’un outil : l’écoute. On suit l’auteur dans un périple qui l’amène rue des Floralies, en banlieue de Nantes, dans la Drôme, à Paris, à Montréal, à Bruxelles, à la rencontre de toute une série d’acteurs engagés dans les sujets de transition. Maxime Pedneaud-Jobin, par exemple, est le maire de la “capitale du changement climatique” : la ville de Gatineau au Canada. Il nous raconte ce que cela fait d’être exposés encore et encore aux catastrophes naturelles et comment on peut développer la résilience d’une communauté. On pense à Anna Tsing et son beau livre, Le Champignon de la fin du monde : « Mener une écoute politique, c’est détecter les traces de programmes communs en devenir d’articulation. »
Son travail, sa réflexion, se fait en urbaniste, autour d’un objet : la ville. C’est très riche, car la ville est un objet nœud au centre de beaucoup de flux, de parties prenantes, de temporalités. S’intéresser à la ville, c’est évidemment s’intéresser aux gens (citoyens, consommateurs, décideurs économiques ou politique, promeneurs), mais aussi aux objets qui la composent (la ville de 2050 est déjà là à 80 %), aux espaces qui l’entourent, à ceux qui sont cachés (le foncier invisible), et, bien sûr, à celles et ceux qui “font la ville”. C’est un support passionnant pour penser la transition écologique et l’adaptation, car cette réflexion embrasse l’impact direct sur la vie des gens (passer de 15 % de couverture arborée moyenne à 30 % ferait diminuer la mortalité de 40 % en cas de pic de chaleur), du temps long, du public, du privé, des idées, de l’action, de la politique, du business.
Quand on y pense, pas facile de trouver d’autres objets nœuds qui permettent de lier ainsi la réflexion à l’action : comment penser l’évolution et la décarbonation de la filière de l’acier ? Comment penser l’évolution de l’entreprise en général ? J’ai l’intuition que c’est par le croisement des perspectives que l’on peut bouger les choses et que peut-être c’est la façon de poser le sujet, de tracer le périmètre de la réflexion - ni trop vaste pour éviter de rester dans l’abstraction, ni trop petit pour ne pas se condamner à l’impuissance - qui peut permettre de réussir à changer le monde.
L’intention : donner du sens à l’époque
L’une des grandes trouvailles de l’ouvrage consiste à bien qualifier l’époque (si “Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde”, qu’est-ce que ça produit de bien nommer ? Probablement, je crois, de la capacité). On parle souvent d’Anthropocène. Un terme qui ne charrie rien, sinon du stress. Qu’est-ce qu’on est censés en faire, de l’Anthropocène ? Grisot propose une autre césure temporelle, à hauteur de vie humaine : “Après les Trente Glorieuses et les Trente Insouciantes nous entrons dans les Trente Turbulentes.” Cela a quelque chose de concret et de rassurant : voilà le programme. Avec une question, un enjeu : à quoi ressemblera la ville dans laquelle nous vivrons l’été 2050 ? Cette ville-là, nous la construisons aujourd’hui (la durée de vie d’un aménagement urbain est de 30 ans). Certes, l’ampleur des chantiers est assez inquiétante. Mais, c’est en regardant demain (2059) depuis après-demain (2100) que l’on comprend l’immense nécessité de la transformation qui démarre.
Le bénéfice concret de ce livre, c’est de générer du sens. Il part de la base, il écoute, il retranscrit, il raconte. Mais il fait plus. Il montre, il expose. Walter Benjamin disait : “Les idées sont aux choses ce que les constellations sont aux planètes”. A partir de ces planètes que sont les initiatives recensées, Grisot nous donne à voir la constellation : une redirection urbaine en train de se faire. C’est une “idée carte” (pour citer Baptiste Morizot) : elle permet de simplifier le réel et de s’orienter, de faire des choix. La redirection urbaine est là, elle existe. Il ne tient qu’à nous de prendre le train qui est déjà en marche. C’est donc un sens “actif” qui est généré. On apprend plein de choses, mais surtout, on se prend à croire que la transformation nécessaire pour faire face aux enjeux du siècle est possible.
Je ne travaille pas sur ces sujets là, je ne connais rien aux programmes immobiliers, à l’aménagement de la ville, à l’urbanisme… Ce qui va m’intéresser, dans la suite de l’article, c’est d’extrapoler à partir du travail précis et inspirant de Grisot. Moi, ce qui m’intéresse, c’est la façon dont fonctionne les gens et comment nous pouvons, collectivement, nous saisir du réel, nous connecter à notre puissance d’agir et construire des lendemains désirables. Je sais accompagner les gens. Partager quelques idées dans une perspective pragmatiste : des idées à utiliser. Alors, en tirant un peu, je vais tenter d’extraire du livre des éléments de méthode qui pourraient s’appliquer ailleurs que dans les réflexions autour du futur de la ville et parler de la transformation en général. C’est une tentative de mode d’emploi pour la transformation au XXIème siècle.
La méthode : 5 “étapes” pour transformer la ville
Comment transformer la ville pour qu’elle soit vivable en 2050 et la moins néfaste possible ? Pour faire face à cette problématique, l’approche est synthétisée ainsi : “La méthode est simple et se déroule en quatre temps : observer, tester, évaluer, pérenniser.” Je me propose d’aller un peu plus loin, en piochant dans le texte, pour en extrapoler des outils applicables ailleurs. Car 2050 nous attend tous ! Il est donc grandement nécessaire de paver la voie pour y arriver au mieux.
Avant de démarrer, on peut noter que l’approche globale correspond aux pratiques inspirées de l’analyse des systèmes complexes. Le livre fait écho à ce que raconte par exemple Yaneer Bar Yam, dans son livre Making Things Work, ou à ce que développe Dave Snowden autour du modèle Cynefin. Il s’agit de proposer des formes d’actions, de projets qui prennent au sérieux la complexité du réel. Un pas plus loin, c’est la métaphysique occidentale qui est bousculée, si on suit le philosophe François Jullien et son travail sur l’efficacité ou la transformation au regard de la pensée chinoise. Pour faire simple, il s’agit de cesser de considérer le projet comme l’enchainement d’un grand moment d’inspiration, connecté à une vision, au monde des idées, et d’une mise en œuvre qui aurait pour rôle de faire correspondre le réel à l’idée. Cette approche fonctionne quand les ressources sont infinies, les hommes convaincus de leur génie et l’environnement stable (et qu’on ne s’intéresse pas aux dégâts).
Alors, cette méthode, comment pouvons-nous la raconter ?
1 : partir de ce qui est là
La première étape de la redirection urbaine, c’est d’aller à la rencontre de ce qui est déjà là et c’est un changement majeur dans la façon de faire un projet. S’intéresser aux usages des citoyens, lorsqu’on cherche à intensifier l’utilisation d’un bâtiment ; regarder ce qu’il se passe dans un immeuble quand on doit le réhabiliter plutôt que de le détruire pour reconstruire à neuf, c’est, finalement, sortir d’une approche globale, déductive, “scalable” (pour reprendre la notion d’Anna Tsing) pour accueillir les cas particulier. Ce que nous observons, de l’autre côté de la rue, n’est pas “l’école”, une abstraction faite de murs. C’est un lieu situé et spécifique où toute une série de personnes vivent des choses singulières. Penser son évolution, considérer sa possible contribution à la redirection va donc nécessiter de s’intéresser concrètement à ce qu’il s’y passe : écouter les dynamiques, les expériences, les tentatives. Toute une série de données qui ne seront vraies qu’ici. Cette première étape est une nécessité quand on veut faire la ville autrement : “tisser la ville avec le vivant est un tout autre exercice que de dessiner un espace minéral”.
Cela me fait penser à Baptiste Morizot en train de suivre des scientifique qui observent les loups (dans les Diplomates). L’injonction de la science, c’est de trouver le fait répétable, le fantasme du laboratoire, la reproductibilité du résultat. Cela amène à considérer l’animal, non comme un individu, mais plutôt comme un automate : on observe que quand tel phénomène arrive, les loups réagissent de telle manière. Or, ce que raconte celles et ceux qui passent leur vie à les observer, c’est quelque chose de très singulier, qui peut être le mieux décrit par des histoires… de féodalité ! La vieille reine qui ne veut pas lâcher le pouvoir, les jeunes prétendants qui s’entre déchirent…
Bref, partir de ce qui est là, c’est renverser l’approche classique des projets de transformation et commencer par écouter et prendre en compte ce qui fait histoire.
2 : intégrer les citoyens-usagers
Lorsqu’on a pris en compte ce qui est là, il faut intégrer, au projet, celles et ceux qui le vivront et leur donner du pouvoir. C’est clairement une proposition de lenteur : reculer pour mieux sauter et faire en sorte que les parties-prenantes puissent faire évoluer leur posture et devenir des acteurs investis. Lorsqu’on s’embarque pour un projet incertain, on ne peut se reposer sur une seule autorité, celle du sachant, du donneur d’ordre. Il faut que tout le monde soit à bord. Et donc, pour cela, il est nécessaire “[d’]accueillir l’émotion habitante avant de commencer à dialoguer”, et de passer de la pédagogie descendante à l’élaboration en commun avec les habitants. Facile à dire, plus complexe à réaliser. Il faut croire activement à l’”expertise d’usage” : celles et ceux qui habitent un lieu savent des choses que les faiseurs de ville ignorent - comment on vit, à cet endroit-là.
Le bénéfice secondaire essentiel de cette approche inclusive, c’est que cette posture active du citoyen, cet engagement est ce qui va générer de la démocratie vivante et concrète : “Autant de conversations à mener quartier par quartier, rue par rue, comme autant d’occasions de renouveler notre démocratie par le concret.” Un pas plus loin, c’est aussi la contribution à l’émergence de ce que Grisot appelle les “infrastructures sociales”, cet ensemble de liens et d’institutions informelles qui font toute la différence en cas de crise. Comme le dit le maire de Gatineau : “consolider la société civile doit faire partie du projet politique”. Nos liens actifs forment notre résilience.
3 : dialoguer, coopérer
L’évolution des postures doit aussi toucher les acteurs de la transformation de la ville. On ne peut se reposer sur une matrice RACI (on fait ça dans les projets d’urbanisme ?) pour fixer une fois pour toutes les rôles et les modalités de la coopération. Quand on avance dans l’inconnu, c’est la confiance, les méthodes de traitement en collectif des conflits, les pratiques coopératives, la gestion des egos et des enjeux de pouvoir qui permettent de fonctionner ensemble :
“Quand les habitudes sont questionnées et que le chemin n’est pas écrit il faut savoir innover, et cela prend du temps. […] Cela nécessite aussi une vraie relation de confiance entre la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage, pour s’engager ensemble dans des aventures à la destination un peu floue.”
De plus, face aux enjeux, nous avons besoin de tout le monde ! Il faut réussir à coordonner les approches et les intérêts différents :
“Il faut donc être en mesure de coordonner les projets privés tout en usant des outils opérationnels de la puissance publique quand la dynamique privée fait défaut. Cela implique l’intervention d’un opérateur qui serait un mélange improbable d’opérateur foncier, d’aménageur, de promoteur et de bailleur social qui saurait en plus se faire petit.”
4 : expérimenter : faire petit, faire temporaire
La transformation de la ville nécessite de faire différemment. Densifier les usages (proposer à des associations les locaux de l’école, le soir), faire la ville sur la ville, mettre des arbres partout… la nouveauté des chantiers, leur caractère incertain et leur ampleur disqualifient les approches habituelles de planification. Il est donc nécessaire d’expérimenter. Tester des choses nouvelles, trouver les à-côté des règles, des normes. Essayer. L’apprentissage est une nécessité, d’autant que les solutions seront toujours locales, adaptées, spécifiques.
“[…] dans les soubresauts d’un siècle qui s’annonce chaotique, nous avons besoin de faire prospérer ces espaces d’expérimentation au creux de la ville pour trouver des solutions pour demain.”
Mais faire petit est aussi nécessaire… pour faire face à l’ampleur de la tâche. De façon contre-intuitive, la taille du défi appelle davantage à la multiplication des “petites” actions qu’à la grande action centralisée. C’est peut-être les jardins des pavillons qui nous permettront d’atteindre le bon niveau de couverture arborée en zone péri-urbaine. La nature reviendra peut-être en ville en passant par des initiatives dans les ruelles communautaires. On n’a pas le temps de faire grand et de toute façon,cela ne suffira pas.
“Car ces grands projets ne peuvent suffisamment transformer la ville pour être à l’heure au rendez-vous de 2050. […] L’adaptation passe pourtant par un patient travail dans la dentelle de la ville déjà là, par une foule de petites opérations au cœur de la ville habitée, éminemment contextuelles et dialoguées.”
L’expérimentation, c’est aussi faire temporaire. Les enjeux d’intensification des usages de la ville poussent à ce genre d’expérimentations provisoires : mettre en place un tiers lieu, une épicerie solidaire pendant deux ans, dans un bâtiment qui attend d’être détruit. Et ainsi, on peut tester, voire créer de nouvelles habitudes, vivifier la ville. Mais accepter le temporaire, c’est aussi être raccord avec le raccourcissement nécessaire des cycles projet, au vu des turbulences à venir :
“A l’heure des Trente Turbulentes, difficile d’aménager un espace public pour plusieurs décennies sans s’exposer à un risque d’obsolescence accélérée. La sobriété du temporaire pourrait bien inspirer les transformations pérennes pour permettre des cycles d’investissements plus courts et plus ouverts, autorisant les retours en arrière et les évolutions.”
5 : documenter, répandre
C’est la dernière étape de la méthode et la plus délicate : chercher l’effet d’entrainement et pour ce qui peut l’être, passer à l’échelle. Cette multitude d’expérimentations en cours, ce tissu d’initiatives doit devenir une vague, si l’on veut être à la hauteur des enjeux. Pour cela, il est nécessaire de documenter, de partager, de faire réseau. Il faut qu’une initiative judicieuse puisse être reprise, adaptée. Que les contournements, les astuces pour faire en dehors des normes existantes soient diffusées le plus largement. Mais il est aussi nécessaire de développer et de valoriser de nouvelles compétences dans la façon de mener des projets et de les faire vivre. Cette façon inédite de faire la ville implique moins de charge en amont et davantage de capacité à maintenir, prendre soin, faire vivre.
Cette séquence est celle qui n’existe pas encore. Mais c’est aussi celle que le livre, dans un acte performatif, contribue à faire naître. On sait aujourd’hui qu’une multitude d’acteurs ont réussi, localement, à réinventer la ville. Redirection urbaine les met à l’honneur et appelle tout le monde à les suivre.
Au-delà de la méthode, des changements culturels
Les 5 “étapes” de la méthode peuvent inspirer toutes celles et ceux qui souhaitent transformer leur environnement pour faire face aux enjeux du siècle. Mais, il faut le dire aussi, la transformation nécessaire va au-delà d’un mode d’emploi. Elle implique de déplacer notamment le rapport au temps, au leadership et à la propriété.
Grisot décrit l’existence des foncières alternatives, qui cherchent à aller au delà du temps du marché pour s’inscrire dans le temps long. Cela se fait par des montages juridiques spécifiques, innovants. Par une conception différente, qui intègre la réversibilité des usages (un immeuble doit pouvoir devenir, demain, un atelier). Mais aussi par une culture de l’intérêt général, une prise de conscience citoyenne de la nécessité de s’inscrire dans un horizon de temps plus long. Comme le planteur d’arbre de Giono ou les bâtisseurs de cathédrale, nous sommes invités à mettre en place des évolutions dont nous ne verrons pas les effets. C’est une obligation morale. Le monde change si lentement, qu’il est urgent de penser loin et d’agir tout de suite.
S’il faut changer de regard sur le temps, il nous faut aussi requestionner le leadership et la reconnaissance. En effet les crises actuelles, la complexité des enjeux vont troubler nos boucles de valorisation. Si on ne doit pas attendre des victoires rapides, il faut aussi intégrer que le passage à la réparation plutôt que de construire des choses nouvelles est moins valorisant. Pas de ruban rouge à couper ni de photos avec la Maire, mais 20 ans de vie supplémentaires pour un pont. Diriger cela, permettre aux acteurs de prendre toute leur place, faire de la dentelle plutôt que du somptuaire, cela implique pour les personnes au pouvoir de développer des capacités de coopération et accepter de se faire petit, voire, parfois, invisible.
Une dernière mutation culturelle, voire anthropologique est suggérée dans le texte : questionner la notion même de propriété. Pour réussir à intégrer le temps long dans les projets d’aménagement, il faut nécessairement contrer la logique du marché. Pour cela, une possibilité : dissocier la propriété du sol de celle du bien qui est dessus. C’est un sujet complexe, mais il vient questionner quelque chose de structurant : le droit de posséder. Dans le droit romain (qui fonde le nôtre), la propriété se définit ainsi (cité par Graeber et Wengrow dans Au commencement était…) : usus (user), fructus (jouir des produits - les fruits de l’arbre) et abusus (disposer : endommager, détruire). Elle se définit donc par la possibilité de ne pas prendre soin du bien, voire de le détruire à sa guise. Or, la terre, le sol, il nous faut aujourd’hui en prendre soin et ce ne sont donc pas les modalités juridique et marchande actuelle qui nous le permettront.
Conclusion : changeons de regard !
Pour finir, je voudrais boucler avec le premier point de la méthode : voir ce qui est déjà là. C’est un apport majeur de ce livre : nous ouvrir les yeux et ainsi déplacer notre schéma de pensée, modifier nos croyances. Tout n’est pas foutu, les initiatives se multiplient et réussissent à construire demain en créant de la joie aujourd’hui ; la solution passe par les démarches locales, citoyennes ; nos liens sont notre plus grand atout. Or, si l’on croit cela, on expérimente des choses différentes et on agit différemment. La croyance précède l’expérience et la boucle peut être vertueuse.
Voir la ville de demain, dans le monde d’aujourd’hui, c’est là que réside l’acte révolutionnaire. C’est nourrir notre capacité d’imagination et donc notre puissance d’agir. Exercer notre liberté de construire le monde que nous voulons, pour nous, pour nos enfants et pour les suivants. Le changement est en marche, lisez le livre de Sylvain Grisot et lançons-nous ensemble dans les chantiers du siècle : faire en sorte de sortir la tête haute des Trente Turbulentes !